Le château de Durban
Au XI ème siècle, le vicomte de Narbonne déclare tenir du Roi de France, la vicomté, le bourg et la cité de Narbonne, sauf ce qu'il tient en fief de l'archevêque, plus la majeure partie des châteaux de la Corbière, parmi lesquels le château de Durban. En 1018 et 1020, Béranger, après avoir succédé à la vicomté de Narbonne, reçut avec sa femme Garsinde, l'hommage ou serment de fidélité de ses vassaux, entre autres de Guillaume Hibrini de Durban, fils d'Aledaïde pour le château de Saint-Martin de Toques et pour le château de Durban.
Jusqu'au commencement du XI ème siècle, époque à laquelle Guillaume Hibrini, fils d'Adalazis (Aledaïde), était possesseur des châteaux de Donos (situé à 3,5 km au sud-est Thézan-des-Corbières le long de la D611), de Durban et de Saint-Martin, les noms de famille ne furent pas en usage, et les seigneurs de Donos ne se distinguaient que par des noms propres ou de baptême, dont les plus usités étaient ceux de Guillaume, Gausbert, Bernard, etc. Mais comme ils devinrent possesseurs de plusieurs châteaux ou fiefs dont l'hommage était dû au vicomte de Narbonne, ils furent le plus souvent désignés par les noms des châteaux dont ils devaient rendre hommage. De là vint que les seigneurs de Donos furent appelés de Durban, à cause du château de Durban, dont ils rendaient hommage au vicomte de Narbonne, et de leurs relations fréquentes avec ces mêmes vicomtes.
Ils ne devaient hommage, pour le château de Donos, qu'au Roi, mais vers 1200, par suite des empiétements des droits par les vicomtes de Narbonne, les seigneurs de Donos leur prêtèrent hommage et serment de fidélité pour le château de Donos, et dès cette époque le fils aîné de cette famille continua de porter le nom de Donos qu'il transmit à ses descendants, tandis que les enfants du second fils portèrent celui de Durban jusqu'en 1333, époque à laquelle Guillemette, fille de Guillaume de Durban, apporta la terre et le château de Durban à Guillaume de Treilles , seigneur de Gléon son mari, et dont la postérité prit, en 1371, le nom de Gléon-Durban.
Donc le château de Durban appartenait aussi loin que l'on puisse remonter dans le temps, à la famille de Donos. Ils étaient seigneurs : de Donos, du Catourze, de Durban, de Saint-Martin, de Portel, de Mathes, d'Ornezons, d'Olonzac, de Leucate et autres lieux dans les comtés de Roussillon, d'Empurias, de Minervois et dans la vicomté de Narbonne.
Le château se compose donc d'un bâtiment rectangulaire à deux étages, les murs sont percés de trois fenêtres géminées du XIII ème siècle ou à meneaux avec une élégante colonnette de marbre blanc datant du XVI ème siècle. Deux autres ouvertures sont des fenêtres renaissance à croisillons percées dans un mur repris au XVI ème ou au XVII ème siècle. Au-dessus des fenêtres en plein cintre sont ouverts deux fenestrons carrés immédiatement au-dessous de trous carrés où s'engageaient les poutres de la toiture. Sur la façade Nord, remaniée elle aussi, on constate une superbe fenêtre renaissance.
Les murs descendent verticalement bien au-dessous du plateau, jusqu'au roc, de sorte que leur hauteur est très considérable, leur épaisseur également. La salle, qui était éclairée par les fenêtres géminées, était divisée en trois travées par deux arceaux dont les naissances sont encore visibles. Elle n'était donc pas voûtée. Les murs s'élevaient au-dessus de la toiture, de sorte que les eaux s'écoulaient par des chéneaux dans une citerne, qui est manifestement de construction romaine. Les fenêtres sont amorties à l'intérieur en arc surbaissé. Ces éléments laissent à penser que cette salle est de construction antérieure à l'époque romane.
Sur la partie supérieure de l'enceinte subsistent des créneaux. Le donjon circulaire transformé en pigeonnier, des pans de courtine, des tours, les restes d'une salle voûtée et une citerne sont encore visibles.
Vers l'Est, le château était défendu par deux tours auxquelles venaient s'appuyer des courtines dont on aperçoit encore des restes.
Le château fut vendu en 1873 et servit de carrière, ce qui explique sont état actuel.